LA RESERVE DE BIOSPHERE DE LUKI
1. Localisation et situation géographique
La réserve de Biosphère de Luki est située à l’ouest de la République Démocratique du Congo, au sud-est du Mayombe, dans la province du Kongo-Central
Elle a une superficie de 33 000 ha, et s’étend sur les latitudes 5°30’-5°45’S, et les longitudes 13°7’-13°45’E.
La réserve de Biosphère de Luki est située à 120 km environ à l’Est de la côte atlantique et à 30 km au Nord de la ville portuaire de Boma et 125 km de la ville de Matadi. Elle s’étend sur trois (3) zones administratives : Seke-Banza, Lukula et Moanda - district du Bas-Fleuve
2. Les Moyens d’accès à la réserve de biosphère de Luki
Voie routière : axe national Boma-Matadi-Kinshasa
Voie aérienne : aéroports de Boma et Matadi
Voie fluviale : ports de Boma et Matadi
3. Historique
La réserve de Luki a été créée en 1937 par ordonnance n°5/Agri du 12 janvier 1937. Au terme de cette ordonnance, cette réserve constituait un domaine boisé de l’Etat dont la gestion avait été confiée à l’INEAC (Institut National pour l’Etude Agronomique du Congo Belge) devenu actuellement INERA (Institut National pour les Etudes et Recherches Agronomiques).
La gestion a été méthodique et basée sur la zonation de la réserve en parcelles expérimentales appelées « blocs » et sur des considérations à la fois sylvicoles et agricoles. L’INERA conservera la gestion de la réserve même après la création du Ministère de l’Environnement, Conservation de la Nature, Eau et Forêts (MECNEF), en 1975.
En 1977, la gestion fut transférée au (MECNEF), dans le cadre du programme Man and Biosphere (MAB), conformément à l’ordonnance n°77-022 du 23 février 1977.
En mai 1979 le domaine forestier de Luki fut reconnu par l’UNESCO comme faisant partie du réseau mondial des réserves de Biosphère et sa gestion fut retirée à l’INERA pour être confiée au Programme MAB, un programme dépendant du ministère de l’Environnement, Conservation de la nature, Eaux et Forêts.
Ce programme est destiné à :
- renforcer la surveillance dans la réserve à travers des patrouilles
- préparer une banque de semences pour le reboisement de la réserve
- étudier les méthodes de domestication des animaux et mener des études sur des plantes
Ce projet, financé par l’Unesco, œuvre aussi pour la sensibilisation des paysans aux fins de sauvegarder l’intégrité de la réserve.
Depuis janvier 2007, un comité de pilotage est mis en place pour programmer et gérer les activités de la Réserve. Il est présidé par l’INERA et sous la vice-présidence du MAB.
4. Le milieu physique
Le relief de la réserve de Biosphère de Luki est généralement formé de collines, de vallées hautes ou basses qu’arpentent des cours d’eau permanents ou temporaires. Le climat est du type tropical humide (AW5 selon la classification de Köppen), marqué par deux saisons : une saison des pluies de sept mois (mi-octobre à mi-mai) et une saison sèche de cinq mois (mi-mai à mi-octobre). La saison sèche est interrompue par de petites pluies et atténuée par de fréquents brouillards.
Les principaux types de sols selon Lubini (1984):
- les sols rouges, développés sur gneiss, dans l’ouest de la réserve
- les sols rouges violacés, développés sur les amphibolites
- les sols jaunes sur gneiss et sur quartzites : dans l’ouest et le sud de la réserve
- les sols alluvionnaires, développés sur les alluvions récentes, dans la vallée de la luki
La rivière Luki dans laquelle se jettent plusieurs affluents, traverse le domaine forestier de Luki dans la direction Nord-est- Sud-ouest en décrivant une grande courbe.
La réserve de Biosphère de Luki constitue la pointe méridionale extrême du massif guinéo-congolais. Sa végétation est une forêt dense sèche semi-caducifoliée dont les inventaires floristiques révèlent l’existence de 1 050 espèces (INERA, 2019).
On trouve dans la réserve de Biosphère de Luki, 26 espèces de faune dont 17 sont des espèces phares qui figurent dans l’Ecorégion du bassin du Congo et sur la liste des espèces protégées de la République Démocratique du Congo.
Il s’agit du céphalophe à bande dorsale noire (Cephalophus dorsalis), le Céphalophe à front noir (Cephalophus nigrifons), le céphalophe bleu (Cephalophus monticola), le Guib harnaché (Tragelaphus scriptus), l’écureuil à pattes rousses (Funisiurus pyrrhopus leonis), le grand écureuil de stanger (Protoxerus stangeri), l’athérure africain (Artherurus africanus), le rat géant d’Emin (Cricetomys eminii), l’aulacode (Thynomys swinderianus), la mangouste longue queue (Herpestes naso), la pangolin à longue queue (Manis tetradactyla), le potto de Bosman (Perodictus potto), le chimpanzé (Pantroglodytes verus), le faisan bleu (Corythaeola cristata), la nandinie (Nandinia binotata), le calao siffleur ((Bycanistes fistulata), le martin pêcheur huppé (Alcedo cristata), le martin pêcheur pygmée (Ceyx picta).
5. Les activités de l’ERAIFT à la réserve de biosphère de Luki
L’ERAIFT intervient à la Réserve de Biosphère de Luki (RBL) depuis plusieurs années. Depuis le début de l’année 2019, elle y mène des actions en synergie avec le Fonds Mondial pour la Nature (WWF) sous l’appui financier de l’Union européenne (UE). Elle est aussi présente dans la réserve de biosphère de Yangambi où elle s’occupe de la coordination scientifique du projet « Yangambi, pôle scientifique au service de l’homme et des forêts ou YPS ». Dans la réserve de biosphère de Luki, dans le cadre du partenariat avec WWF, l’ERAIFT met en place les actions les suivantes :
Formation des étudiants, staff INERA et WWF à la télédétection
La réserve de biosphère de Luki est un terrain de stage pour les apprenants de l’ERAIFT.
En outre, l’ERAIFT y anime des formations spécifiques sur des thématiques aussi variées comme les solutions basées sur les approches écosystémique et les mécanismes de réduction des gaz à effet de serre, l’aménagement du territoire, la télédétection et les SIG, l’analyse des chaines de valeur agricole, etc.
Les cibles concernés par ces formations sont essentiellement, les communautés locales (Conseil Agricole Rural de de Gestion (CARG), les Comités Locaux de Développement (CLD)), les ONG locales et internationales, l’administration publique, les étudiants d’universités nationales et régionales et les milieux scolaires pour les aspects dus à l’éducation mésologique.
Atelier d’éducation environnementale à Luki
Les formations se font aussi en direction des élèves à travers des Clubs des Amis de la Nature (CAN), mise place dans les écoles secondaires des villages de la région autour de la réserve de biosphère de Luki.
Au sein de ces CAN, les élèves sont encouragés à adopter au quotidien, des gestes responsables vis-à-vis de la nature et en particulier vis—à-vis des ressources de la réserve de biosphère de Luki.
Les thèmes abordés dans les formations sont : le rôle de l’arbre, le reboisement, l’agroforesterie, la sédentarisation agricole, le climat, l’eau, les sols, les alternatives économiques dans le milieu de Luki.
Selon les ressources disponibles (terre, eau), les CAN mettent en place des jardins scolaires et des champs agroforestiers, les pépinières scolaires et font l’élevage et la sensibilisation.
Dans le cadre de la synergie avec WWF, l’ERAIFT met en place une bibliothèque, réhabilite le laboratoire de foresterie et d’étude de bois, réhabilite l’herbarium, travaille à la capitalisation des travaux de recherche, à l’électrification solaire et au raccordement en eau potable du centre de recherche.
L’ERAIFT garantit aux chercheurs congolais et internationaux l’accès libre et gratuit aux recherches menées dans la RBL depuis sa création.
Les recherches actuelles de l’ERAIFT à la RBL portent sur le diagnostic des systèmes agraires et fonciers des villages autour de la RBL, les recherches sur les plantes mellifères (conduite dans le cadre d’un partenariat avec l’ULB-Coopération) et autres produits forestiers non ligneux (chenilles, champignons), les inventaires multi-ressources dans les forêts régénérées, le suivi de la dynamique de la faune notamment des chimpanzés, la consommation du bois énergie, la valorisation des forêts régénérées, le suivi des feux de brousse, les pratiques agro écologiques endogènes face au changement climatique et la comptabilisation du carbone forestier.
Les résultats de ces recherches sont mis au service des communautés locales.
Elle se fait à travers la diversification et la valorisation du paquet écotouristique de la RBL. L’ERAIFT en partenariat avec WWF, forme les éco-guides touristiques, réalise la cartographie des potentiels écotouristiques de la RBL, améliore le cadre d’accueil des visiteurs et appui à la personnalisation des filières écotouristiques.
L’organe de gestion de la RBL, appelé Comité de Pilotage, est constitué de l’Institut National d’Etudes et de Recherches Agronomiques (INERA) du Ministère congolais de la Recherche Scientifique et Innovation Technologique ; le programme MAB du Ministère de l’Environnement et Développement Durable (MEDD) ; d’un représentant des chefs traditionnels ; d’un représentant de l’administration provinciale ; d’un représentant de la société civile locale. L’ERAIFT apporte au Comité de Pilotage, un appui pour la surveillance continue de la RBL, les sensibilisations et les formations dans les villages, l’organisation et la tenue des réunions et le diagnostic des priorités en matière de gestion de la RBL
Ernestine LONPI TIPI, Doctorante, ERAIFT- Réserve de Biosphère de LUKI